navbar

table des matières

éditorial

introduction par
andrew cohen

ken wilber

père thomas keating

miranda shaw

ramesh balsekar

vernon kitabu turner

ajja

lee lozowick

vimala thakar


Le vif du sujet

Dialogue entre Père Thomas Keating
et Andrew Cohen




Andrew Cohen: J’ai pensé qu’une bonne façon de commencer cet entretien serait de vous donner les raisons pour lesquelles nous souhaitons nous pencher avec vous, sur cette question de chasteté, pour ce numéro de notre magazine. Je suis un enseignant spirituel avec une communauté d’élèves, et j’insiste beaucoup sur le renoncement et le rôle que cela joue pour aider les êtres humains à se rapprocher de la vérité. Il y eut une période de ma vie où je pratiquais de façon consciente l’abstinence sexuelle, pendant à peu près trois ans, et cela m’aida énormément à réaliser un degré d’objectivité par rapport à la sexualité, qui est un domaine difficile de la vie humaine. Ainsi, en ce moment, j’encourage certains de mes élèves à consacrer une période de leur vie, - en général, à peu près cinq ans- à une pratique très rigoureuse de célibat, afin de les aider à devenir plus lucides sur cet aspect de leur propre expérience humaine. Pour commencer, puis-je vous demander quand avez-vous prononcé votre voeu de chasteté ?

THOMAS KEATING:Voyons... ce devait être en 1946, après mon noviciat. J’avais cependant déjà prononcé ces voeux pour les deux années de noviciat, lorsque j’étais entré au monastère trappiste.

AC:Quelles sortes de voeux étaient ceux du noviciat ?


TK:Il s’agissait de voeux temporaires, comme ceux que vos élèves prononcent, un engagement temporaire conçu pour donner une chance au candidat de faire l’expérience des astreintes et des bénéfices d’une pratique de chasteté parfaite. Et comme vous le savez certainement l’engagement à la chasteté comme style de vie, n’est pas le seul aspect de la vie monastique, mais c’est un engagement parmi d’autres, chaque voeu étant reconnu comme étant également important et essentiel au processus de transformation. Par exemple, il y a le voeu de pauvreté, qui tend à créer une attitude non possessive à l’égard des choses matérielles, - comme la chasteté tend à créer une attitude non possessive à l’égard du corps et de la sexualité -, et l’obéissance, qui est conçue pour insuffler une attitude non possessive à l’égard de notre propre volonté et de notre jugement, par la soumission à un enseignant ou à la communauté dans son ensemble, si la communauté a une Règle de Vie (les règles et principes qui définissent la vie monastique).

AC:Aviez-vous des attentes particulières sur ce que serait la pratique la chasteté ? Diriez-vous par exemple, que cela représentait dans votre coeur et dans votre esprit une forme de douceur - comme celle que l’on trouve dans la simplicité ?


TK:Pour dire la vérité, la vie monastique est extrêmement austère et dure, du moins elle l’était dans le monastère dans lequel je suis entré. Alors, la chasteté nous la prenions comme un fait accompli, et nous consacrions concrètement notre attention sur les autres pratiques comme de se lever à une heure ou deux heures du matin, de prier aux premières heures de l’aurore, le jeune et l’abstinence, ajouté au fait que nous travaillions dur, très dur. De cette manière, nous nous sentions moins concerné par les soucis associés à la pratique de la chasteté, que par exemple, d’avoir une santé suffisante et une détermination assez forte pour simplement venir à bout du programme de la journée. C’est ce qui me revient le plus en mémoire. Vous m’interrogez sur ma vie d’il y a plus de cinquante ans, et mon souvenir le plus fort est comment la vie était dure sur le plan physique, et comment le silence extérieur était pénétrant. Nous parlions seulement au Supérieur et au Maître du Noviciat, la plupart du temps, il n’y avait que le silence. L’expérience du silence était ce qu’il y avait de plus envahissant. Ainsi il m’est difficile de dire que j’ai fait l’expérience de la chasteté autrement que comme faisant partie d’un contexte dans lequel ces autres questions très concrètes se présentaient tous les jours. Lorsque vous vous levez à une heure du matin, par exemple, tout ce à quoi vous pensez, réellement est de descendre sans retard à l’église.

AC:De quelle manière votre expérience de la chasteté a-t-elle changé ou s’est elle approfondie au cours des années ?


TK:Il est simplement devenu de plus en plus clair que c’est un don de Dieu, et que sa pratique est entièrement dépendante de Son pouvoir et de Sa compassion. En d’autres termes, vous découvrez vos faiblesses comme seule une tentation forte ou peut-être une poignée d’autres choses peuvent vous les faire voir. Et, alors que l’on prend sa maturité au sein d’un voeu perpétuel de célibat, il y a toute une série d’attitudes vis à vis de Dieu qui commencent a émerger, résultant d’un mouvement qui va d’un engagement formel à une expérience directe, d’une amitié avec Dieu à une union avec Lui. Cela vous ouvre à des possibilités toujours plus profondes d’union avec la réalité ultime, et à une humilité et une pureté de coeur toujours plus grandes, qui sont ce que les Pères et Mères du Désert identifièrent comme étant les buts de la chasteté.. Je pense que c’est ce qui caractérise mon expérience plus que toute autre chose : le désir toujours croissant d’humilité et de pureté de coeur. Bien sûr que réussir physiquement l’observance de la chasteté peut aussi conduire dans certains cas, à un certain sentiment d’accomplissement ou de fierté. D’ailleurs il y a un exemple écrit de cela, il s’agit du cas célèbre de certaines nonnes jansénistes en France au seizième ou dix-septième siècle, que l’on décrit comme « pures comme des anges et fières comme des diablesses », donc manifestement, quelque chose ne fonctionnait pas dans leur abstinence ! C’est pour cette raison que je défends fortement l’idée que la chasteté ne soit pas présenté de façon isolée, mais comme faisant partie d’un tout plus grand, et particulièrement, dans le but intérieur ou l’intention de se rapprocher de Dieu. Parce que le renoncement est parfois très, très intense et l’on a besoin de la motivation de savoir que cette pratique vous mène vers un lieu qui est plus important que l’attirance physique, le confort, le soulagement sexuel, ou quoique ce soit. Savoir que ceci est l’amour de Dieu s’épanouissant pleinement en soi, d’un coup par de nombreux chemins différents, menant tous vers un abandon de la fierté et d’un faux sentiment de soi afin que Dieu puisse être Dieu en nous.

AC:J’aimerais vous demander, particulièrement à la lumière de ce dont vous venez de parler d’une façon très belle, ce que vous pensez de l’idée reçue selon laquelle l’état de chasteté serait une condition intrinsèquement plus élevée, ou d’une plus grande pureté, que l’état de non-chasteté. Je suis certain que vous savez qu’il y a nombre de débats à ce sujet en ces temps-ci.


TK:Oui. Ma réaction a ces discussions, et il s’agit seulement de la mienne, est que ce n’est pas la chasteté en lui-même, qui est un état plus élevé, mais l’attitude non possessive de la véritable humilité ou pureté de coeur, qui lui sont associées dans les circonstances idéales. C’est ce qu’est réellement la vraie virginité, ou la chasteté lorsqu’elle est comprise dans sa pleine signification spirituelle. Le but, je le disais, c’est la pureté de coeur, ou ce que les Pères et Mères du Désert décrivaient comme cette humilité, qui est acceptation de toute réalité à propos de soi-même et de Dieu, et l’acceptation aussi de notre propre faiblesse et de notre impuissance. L’une des choses les plus frappantes dans cette façon de comprendre la chasteté est à quel point celle-ci, en tant que don de Dieu, doit être soutenue dans le temps par la grâce de Dieu pour permettre à celui qui la pratique de persévérer et ne pas abandonner son engagement. Et si vous considérez la chasteté comme un style de vie en tant qu’engagement à long terme, son but en réalité est le même que le mariage. Ce que cela signifie, c’est qu’il est sensé avoir une pouvoir de transformation. C’est une façon de s’unir à Dieu. Maintenant de toute évidence, il n’y a pas de raison qu’une personne mariée ne puisse atteindre cet état, et si vous acceptez l’idée que le mariage est un sacrement, alors je suppose qu’il peut représenter un état plus élevé que l’état de chasteté - état moins sacré que celui qui est béni d’une manière si particulière par Dieu et l’église. Certainement, du point de vue de l’église, le mariage est un état particulier de grâce, dans lequel les partenaires ont le pouvoir à travers leur vie commune d’être purifiés. Mais le point important, ici, est que cela n’arrive, que ce soit dans le mariage ou dans l’engagement à la chasteté, que lorsque nous devenons fidèles à l’amour. Dans le mariage, cela signifie le pardon et la tolérance pour la profondeur des fautes de l’autre. Mais dans les deux cas, c’est seulement alors que nous entrons dans ce que St Jean de la Croix appelle la « période de purification », par laquelle le Saint Esprit pénètre bien plus profondément dans nos coeurs que ne peut nous mener tout ascétisme ou toute discipline que nous nous serions créés. L’esprit nous invite à regarder le côté sombre de notre personnalité, selon la terminologie de Jung, et aussi à passer en revue les motivations inconscientes que nous n’apercevons pas habituellement dans la vie quotidienne. C’est cette purification consciente qui nous prépare à l’amour non-égoiste, à l’amitié spirituelle et à l’union à Dieu dans laquelle nous ne recherchons pas la satisfaction ou l’illumination pour notre propre bien, mais essayons simplement d’aimer Dieu, de contenter Dieu et de remplir Sa Volonté, en vivant la vie ordinaire avec un amour extraordinaire. Ainsi, dans le célibat monastique comme dans le mariage, l’amour est la règle du jeu, -autrement je ne le recommanderais pas-, et le défi est de voir si vous pouvez maintenir cet amour vivant. Et l’on pourrait dire que le vif du sujet c’est que tout comme le mari et la femme qui à travers le sacrement du mariage sont supposés rendre Dieu visible l’un a l’autre et apporter l’amour inconditionnel de Dieu l’un a l’autre - non pas uniquement dans leur vie conjugale, ensemble, mais dans chaque détail de la vie quotidienne, la façon dont ils versent le café le matin, la façon dont ils traitent des problèmes avec les enfants, la façon dont ils partent au travail, comment ils se disent bonjour et au revoir - l’engagement au célibat n’est pas juste une question de chasteté. Il s’agit d’être de plus en plus présent aux autres, au service des autres, et d’essayer d’apporter une qualité dans les détails de la vie quotidienne, qui manifeste l’amour inconditionnel de Dieu et même la tendresse de Dieu dans chaque chose que nous faisons. Ainsi, il est vraiment important, me semble-t-il, de distinguer la sexualité de la génitalité, ou de l’activité génitale. La sexualité n’est pas abandonnée dans l’engagement au célibat monastique; au contraire, parce que la sexualité humaine inclut l’activité génitale sans se réduire à celle-ci, nous restons femmes et hommes sur le plan physique mais aussi sur le plan affectif et sensuel, jusqu’aux racines les plus profondes de notre être.

AC:Pourriez-vous en dire un petit peu plus de cette distinction entre sexualité et la génitalité?


TK:Dans le célibat, l’énergie sexuelle - qui ne devrait jamais être réprimée - est dirigée par la pratique de la chasteté vers son utilisation juste, selon notre situation dans la vie, qui pour les pratiquants du célibat monastique est d’aider à bâtir des relations humaines et des communautés à travers le service, l’amitié, la compréhension, la coopération et d’autres vertus similaires. L’énergie sexuelle est transmutée, de cette manière, en une énergie toujours plus grande au service des autres et de la recherche de Dieu. Autrement, ce célibat peut devenir simplement un exploit physique et être ainsi source de fierté. En d’autres termes, ce n’est pas un but en soi, mais une façon de vivre qui doit rendre visible l’amour de Dieu dans la communauté ou là où l’on a décide de vivre une vie de chasteté.

AC:Si l’on en juge par votre description, la sphère des intérêts de qui a fait voeu de célibat semble presque implicitement plus large que celle de l’individu marié. Cependant, vous avez aussi dit que ni la vie maritale ni la vie de célibat monastique n’était supérieure intrinsèquement, et que dans les deux cas, ce qui est véritablement important est la motivation que l’on porte en soi.


TK:Exactement. Et non seulement la motivation, mais la persévérance dans cette motivation, à travers la purification de la part d’ombre afin que ...

AC:La part d’ombre ?


TK:La purification de notre être le plus profond, et pas simplement une purification sur un plan biologique ou physique. Sans cette purification interne, la chasteté ne demeure qu’une règle externe au lieu d’être une pratique intérieure capable de soutenir une transformation authentique.

AC:Cela semble vouloir dire que celui qui s’engagerait totalement à subir ce processus de transformation, serait en quelque sorte marié à Dieu. Est-ce qu’alors son attention ne serait pas libérée de telle sorte qu’il ne puisse avoir aucune amitié ou relation intime spéciale avec quiconque, mais au contraire un amour pour tous, dépourvu d’égoïsme ?


TK:Oui, la chasteté renforce et étend le pouvoir d’aimer; elle nous donne la possibilité de percevoir le caractère sacré de tout ce qui est, en particulier des autres. Mais pour atteindre cela, il nous faut passer par un processus qui va de l’expérience de l’intimité conventionnelle avec les autres, vers une autre sorte d’intimité, qui, tout en respectant le caractère unique de chacun, aime les autres sans aucune intention physique personnelle, quelle qu’elle soit. Par conséquent, l’on respecte la dignité des autres et il est impossible de les utiliser pour sa propre satisfaction sexuelle ou affective. Maintenant cela n’exclut pas l’amitié, qui est très importante pour soutenir l’engagement à la chasteté, mais cela implique une discipline qui nettoie de l’intimité grandissante avec l’autre, l’attraction sexuelle, qui peut être présente, et si elle l’est, cela est tout à fait normal. Mais on ne doit pas en conclure qu’une véritable amitié spirituelle doit exclure toute forme de chaleur ou d’affection; c’est seulement toutes ces marques excessives d’affection qui mènent à une sensualité ou une action profondes, qui doivent être sacrifiées, non pas l’amitié elle-même. En fait, l’on a besoin d’amis pour soutenir son voeu de chasteté; autrement, on peut tomber dans la solitude ou dans un certain type de recherche de soi quasi narcissique. C’est l’un des périls de ce voeu.

AC:Pouvez-vous nous citer d’autres périls ?


TK:La chasteté est un engagement que l’on ne devrait pas prendre à la légère, et il y a différentes tentations sur le chemin. L’attraction sexuelle qui existe à l’adolescence est tout autre à l’âge adulte, lorsque la procréation devient importante. Et puis, à la quarantaine, un aspect complètement nouveau de notre sexualité émerge qui est en rapport avec la tentation de retourner aux relations inachevées de notre jeunesse, ou avec le regret de ne pas avoir fait certaines expériences avant d’avoir fait voeu de célibat. En conséquence, la tentation de rompre son engagement est aussi très forte à cette période-là. Et même dans la vieillesse, l’on découvre que ce sentiment de solitude est encore présent. Ainsi, parce que l’énergie sexuelle dure toute notre vie, un voeu de chasteté perpétuel comportera automatiquement des périodes qui seront extrêmement difficiles, et la question importante est: jusqu’à quel point cette énergie a-t-elle été transmutée et transformée par la discipline, le service aux autres et la dévotion à Dieu, de sorte que dans ces moments où l’attraction à la satisfaction sexuelle est très puissante, il y ait assez de force intérieure pour y résister ? Dans la tradition chrétienne, et particulièrement dans ces branches qui mettent l’accent sur l’amour de Dieu, ou plus spécifiquement l’amour de Jésus-Christ, l’« amitié » est le modèle pour une relation à Dieu, qui progresse de la superficialité d’une vague connaissance à une amitié fondée sur des années passées ensemble, et qui, à un certain point, exige un véritable engagement. Ce genre d’engagement est caractéristique de toute amitié, qu’elle soit humaine ou divine, et c’est à ce moment là où l’on commence à se poser la question de savoir si son dévouement au célibat monastique est véritablement un engagement à Dieu pour la vie, ou bien un engagement temporaire. Et l’on devrait avoir beaucoup de temps pour peser profondément cette décision en raison de ses conséquences profondes sur le plan psychologique, social et spirituel. On peut dire qu’il y a toute une mystique liée à l’engagement perpétuel. C’est très différent d’un engagement temporaire, même si celui-ci se révèle extrêmement utile à ceux qui le traversent, comme de toute évidence vous l’enseignez dans votre communauté. C’est une façon extraordinaire de se faire une idée claire de ce qu’est la sexualité, et comme je l’ai dit, si vous souhaitez y renoncer pour la vie ce serait une très grande erreur de prendre cette décision à la légère, ou sans une longue période de pratique initiale sur la base d’un engagement temporaire. Tout le monde n’est pas humainement équipé pour l’engagement au célibat. Je ne le recommanderais certainement pas à une personne qui présente des troubles sérieux de la personnalité ou tout autre type de problème névrotique; ces choses-là devrait certainement être traitées avant de prendre un engagement aussi sérieux que cela.

AC:Je suis d’accord avec vous, qu’à travers la pratique du célibat, on a la possibilité de faire l’expérience de l’extrême puissance de la force sexuelle - une expérience très différente de celle que l’on a si on n’est jamais passé par une période prolongée d’abstinence.


TK:Absolument. Et c’est pour cette raison que je pense, que ce serait une expérience d’une très grande valeur, aussi bien pour les hommes que pour les femmes, particulièrement dans la période d’apprentissage du tout début de l’âge adulte, parce que la plupart des jeunes gens ne sont, en fait, pas plus prêts pour l’engagement au mariage qu’ils ne le sont pour l’engagement à la vie monastique.

AC:Vous avez raison.


TK:On a vraiment besoin d’une certaine expérience de vie pour être capable de faire face aux responsabilités qui découlent de cet engagement. Et un engagement au célibat apporte de la même façon son propre lot de responsabilités, que l’on a besoin de pratiquer et de tester humblement.

AC:Selon vous, quelle est la plus grande joie de cette pratique ?


TK:Aimer Dieu ! Et toujours espérer que cet amour grandisse et nous permette de nous soumettre de manière de plus en plus totale - corps, âme et esprit - complètement : consciemment, inconsciemment, à tous les niveaux de notre être. C’est de mon point de vue, le sens véritable de la chasteté. Pour accomplir cela, il faudra certainement du temps et il y aura des moments difficiles, et tout le monde n’y arrivera pas; il y aura des échecs. Toute personne qui sera passée par ces ténèbres ne jugera pas l’échec d’un autre, parce qu’elle sait a quel point cet engagement est difficile. Dans les "ténèbres" de Saint-Jean de la Croix, trois grandes épreuves ou tentations sont décrites, l’une qu’il appelait « l’esprit de fornication » où se succèdent d’énormes et continuelles tentations de se livrer à l’activité sexuelle ou d’abandonner l’engagement au célibat. Et c’est au travers de cette lutte intense, que la vertu de la chasteté est testée: le renonçant est battu par la tentation jusqu’au plus profond de son âme jusqu’à ce qu’il devienne vraiment stable en présence de toute tentation.

AC:Parce que vous parlez de manière si belle, je suis curieux de savoir si vous vous rencontrez parfois avec vos frères moines, pour simplement partager votre expérience de cette pratique, dans le but de vous soutenir et aussi celui de la recherche, comme nous le faisons en ce moment ?


TK:Non, pas très souvent. En fait, très rarement. La chasteté est une chose qui va de soi pour nous. L’aspect que vous avez observé avec justesse, et intégré je pense, à la vie de votre communauté, est que le célibat est un engagement très important avec un potentiel énorme, et en tant que tel, devrait être pleinement étudié et compris par les néophytes, et leurs expériences de ses difficultés devraient être partagées au sein d’un groupe.

AC:Oui, et c’est alors bien sûr que cela devient fécond. Il est intéressant de noter que dans notre communauté, les hommes et les femmes qui pratiquent le célibat remarquent que leurs relations les uns aux autres sont différentes de façon tangible, en raison du voeu qu’ils ont prononcé, qu’ils font l’expérience d’une liberté et d’une intimité beaucoup plus grande lorsqu’ils sont ensemble. Cette expérience d’une plus grande liberté d’être vient principalement du fait qu’ils savent qu’ils ne veulent rien les uns des autres.


TK:Cette expérience de liberté, c’est merveilleux. Cela rend plus accessible et donne plus de valeur à tous les autres aspects de la vie communautaire - cette liberté intérieure que l’engagement à la chasteté rend possible. Chacun sait que les autres se sont engagés à cela, et immédiatement, il y a une grande liberté par rapport à toutes ces façons subtiles qu’ont les jeunes - et les moins jeunes - d’agir ensemble avec des motifs de sensualité, de flirt, et ce genre de choses. Tout cela disparaît, et cela permet d’être soi-même: honnête et droit et affectueux, sans attendre de retour, de récompense, particulièrement sur le plan physique.






Commander ce
    numéro
(version anglaise uniquement)


Vous abonner à
    What is
Enlightenment?

(version anglaise uniquement)


envoyer ce lien
à un ami



navbar
accueil numéros précédents page du fonadateur nous contacter nous aider