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table des matières

éditorial

introduction par
andrew cohen

ken wilber

père thomas keating

miranda shaw

ramesh balsekar

vernon kitabu turner

ajja

lee lozowick

vimala thakar


Editorial

Une affaire d’intégrité



«Nous nous préparons à lancer l’impression de 65.000 exemplaires du numéro 19. Il faut maintenant commencer le numéro 20. Et bon sang, qu’est-ce qu’on va faire ?!» tels étaient les mots, gribouillés en grosses lettres rouges sur les murs de mon bureau, alors que j’arrivais au travail un matin de mars dernier. Les circonstances de cette appel inattendu autant que surprenant et passionné de l’un de mes coéditeurs était aussi clair que dévastateur. Nous nous trouvions là, quatre éditeurs et leur maître spirituel, lancés dans l’inconnu, sur les ailes d’une quête spirituelle extraordinaire, produisant ensemble un magazine qui nous conduisait et conduisait un nombre grandissant de lecteurs dans une dimension de la vie spirituelle toujours nouvelle et de plus en plus fascinante. Et pourtant nous étions là avec deux autres éditeurs, enfoncés jusqu’à la taille et sombrant à vitesse grand V dans ce qui me semblait être la crise spirituelle la plus profonde de ma vie. Qu’était cette crise ? En un seul mot : l’intégrité.
Cinq mois plus tard, me voilà écrivant l’éditorial de ce numéro consacré au 10ème anniversaire du magazine qui vient d’être bouclé grâce au travail acharné d’un seul (je dis bien un seul) de nos quatre éditeurs. Pourquoi un seul ? La réponse tient à la raison qui a poussé Andrew Cohen à fonder le magazine. En réalité, une constante toujours présente dans les pages de What is Enlightenment ? depuis ses débuts est la conviction audacieuse et passionnée qu’il est possible non seulement d’apercevoir, de goûter et de réaliser une vision spirituelle miraculeuse, mais également de traverser ce monde compliqué et déroutant d’une manière qui soit à même de refléter cette perspective extraordinaire ; en d’autres termes, qu’il est possible de vivre cette vie humaine avec une réelle intégrité spirituelle. Comment ? Telle est la question cruciale qui nous a catapultés dans une exploration multidimensionnelle de la vie spirituelle, ce voyage à travers les pages extraites des anciens numéros que vous tenez entre les mains. Et c’est une question que nous prenons au sérieux, pas seulement abstraitement, mais comme une méditation constante extrêmement réelle et active dans chacune de nos vies. En fait, tous les thèmes que nous avons explorés pour le magazine sont nés directement de la tentative de comprendre et de vivre cette vision spirituelle. Nous sommes les cobayes de notre humble expérimentation de la vérité ; le premier et le plus fondamental des sujets de chacune des investigations que nous avons lancées. Et nous savons bien que si quelque chose nous donne le droit de poser les questions difficiles, de critiquer, de nous lancer dans des controverses et de mettre en cause nos rédacteurs comme nous le faisons, c’est bien notre capacité à regarder sans faiblir le miroir des grandes exigences de l’évolution. En fait, notre autorité dépend entièrement du fait que nous avons conscience de vivre à l’extrême limite de notre compréhension spirituelle, demeurant fidèles au contexte spirituel de nos vies : vivant, en d’autres termes, avec une réelle intégrité. Et nous ne sommes pas seuls dans ce grand défi. Voyez-vous, le fondateur, l’inspirateur et la force directrice, de chacun des numéros est une personne qui est bien plus qu’un rédacteur en chef. Andrew Cohen est d’abord et avant tout notre enseignant spirituel, la personne dont le métier est de nous aider à traverser avec autant de grâce que possible les sentiers escarpés de nos plus profondes aspirations spirituelles. Lui-même, plus que tout autre, est bien affermi dans sa résolution : si What is Enlightenment ? doit remplir sa mission, qui est de comprendre autant que faire se peut les sentiers complexes et déroutant de la vie spirituelle, alors ses étudiants/éditeurs, doivent se montrer capables de comprendre avec profondeur le sens de leur propre vie spirituelle. En réalité, il exige que ceux d’entre nous qui lançons les enquêtes soient désireux de mener leur recherche avec la même profondeur, la même ouverture d’esprit, et de répondre à l’appel spirituel avec le même cœur, que ce que nous recherchons chez ceux à qui nous donnons la parole dans le magazine. Telle est la lame à double tranchant fort bien aiguisée à laquelle nous nous sommes trouvés confrontés l’automne dernier quand notre enseignant a commencé à nous faire remarquer avec délicatesse que, pour quelques uns d’entre nous, la voie supposée droite et étroite avait commencé à se tordre et s’émousser. Alors que nous étions assis face à lui, ce jour fatidique d’octobre dernier, il nous indiqua avec une indéniable clarté que nous avions laissé nos vieux ennemis, l’ego et la suffisance, prendre le contrôle de nos vies spirituelles et que nous ne nous efforcions plus de vivre avec authenticité à la hauteur de la vérité et de la liberté que nous avions reconnus, dont nous parlions dans nos articles et dont nous prétendions qu’elles étaient plus importantes que tout. Il était temps, dit-il, de combler le fossé qui s’était ouvert entre ce dont nous avions une profonde connaissance et notre manière de vivre, un fossé qui pour un éditeur de ce magazine, était une hypocrisie inacceptable. Ainsi commencèrent une série d’événements qui non seulement nous jetèrent dans de profondes crises individuelles mais qui menacèrent également de perturber quelque chose de bien plus important : le processus créatif unique qu’implique la production de ce magazine.
Pour l’ensemble des éditeurs, travailler pour What is Enlightenment ? ne peut être décrit que comme une entreprise d’amour. Bien plus que de simples collègues, les rédacteurs et Andrew sont plus proches que proches, passant des heures et des heures chaque jour immergés dans une investigation qui consume tout et qui ne manque jamais de réjouir, de dérouter, de stupéfier, et d’inspirer alors que nous tentons de jeter un peu de lumière sur ce qui paraît être les subtilités infinies de ce que signifie vivre une vie sacrée au jour où nous vivons. Et pour les étudiants d’un maître de l’éveil, la qualité souvent sacrée de cette recherche est d’autant plus remarquable par la possibilité de partager la liberté, la créativité, la passion innocente pour la vérité qui sont la marque même de l’état d’éveil. Chaque numéro est un pas palpitant dans l’inconnu, et nous pourrions raconter sans fin les épisodes incroyables, les tours et détours du processus créatif par lesquels nous sommes passés pour parvenir au résultat que nous offrons à nos lecteurs. Que la réalité soit ou non plus étrange que la fiction, elle est certainement beaucoup moins prévisible – constatation qu’attestent bien des entretiens que nous avons choisis pour cette compilation. Par exemple, qui aurait pu prédire qu’alors que nous assistions à une conférence sur le yoga il y a quelques années, nous rencontrerions Ajja, un sage profondément éveillé, alors quasiment inconnu, qui est le meilleur exemple de l’aboutissement de l’enseignement indien non dualiste ? Qui aurait pu prédire que Jack LaLanne, extraordinaire maître de fitness, apparaîtrait dans un magazine traitant de l’éveil spirituel ? Certainement pas les éditeurs, abasourdis et dubitatifs quand Andrew en fit la suggestion pour la première fois. Qui aurait pu prédire que l’article sur le professeur indien de néo-Advaita, Ramesh Balsekar, créerait une telle confusion et une telle polémique, non tant pour son contenu que sur le point de savoir si la personne qui lui posait des questions avait atteint l’éveil à la suite de cette rencontre ? Et la liste des surprises et des étranges anecdotes au cours des années passées pourrait aller en s’allongeant. A vivre dans ce festin toujours changeant et mobile de spiritualité et de créativité, il nous paraissait souvent que les choses allaient pour le mieux.
C’est dans ce contexte que les événement d’octobre dernier se sont inscrits. Tout n’allait pas si bien que cela, dit Andrew, sans équivoque. Les choses pouvaient et devaient s’améliorer. Il nous fit comprendre que, d’une manière ou d’une autre, il nous faudrait vivre à la hauteur de la position unique et privilégiée dans laquelle nous nous trouvions. S’il s’agissait ici d’un de ces nombreux récits de quête spirituelle comme j’en ai tant lus lorsque je m’engageai sur ce chemin, je vous dirais comment, à l’heure du choix fatidique à l’automne dernier, nous répondîmes à la critique musclée et sans équivoque de notre enseignant avec humilité, courage et conviction. Je raconterais comment nous avons percé à jour nos illusions, avons abandonné nos défenses, accepté la difficile vérité des faits, et commencé immédiatement à embrasser la plus grande liberté et la responsabilité auxquelles nous étions appelés. Cependant, les événements de l’année passée racontent une histoire moins sublime. La vérité est que, lorsque nous fûmes confrontés à cette demande de combler le fossé entre nos vies spirituelles et les idéaux passionnés que nous défendions dans ce magazine, nous nous dérobâmes. Faire le sacrifice d’être à ce point authentiques nous apparut soudain comme une tâche insurmontable. S’ensuivit une bataille entre l’insistance de notre enseignant en faveur de l’intégrité absolue et notre réticence à abandonner notre attachement à l’ego et à l’autosatisfaction et à le suivre dans l’inconnu. Alors que les mois passaient, apportant peu de changements dans nos positions fondamentales, la lutte devint crise et la crise impasse. Nos relations avec notre enseignant et avec beaucoup de nos amis spirituels furent poussées jusqu’à la limite du point de rupture. Incapable de nous convaincre qu’il était temps de changer et peu désireux d’accepter nos compromis dénués de repentir, Andrew alla jusqu’à nous demander de quitter l’endroit où se trouvaient notre lieu de retraite, nos maisons et nos bureaux, nous jetant dehors sans autre possession que nos seuls vêtements. L’avenir même du magazine était menacé. Alors que nous n’avions plus rien à perdre et que la plus importante relation de nos vies était en jeu, l’attitude de défiance de l’ego fut finalement écrasée et, au propre comme au figuré, nous fûmes mis à genoux. L’indéfectible et incessant appel de notre enseignant spirituel à la transformation finit par toucher nos cœurs devenus enfin ouverts et disponibles. Nous commençâmes immédiatement une retraite silencieuse intensive d’une durée indéterminée, destinée à nous faire comprendre ce qui s’était passé. Durant ces longs jours de méditation et de contemplation maintenant nourris par une intention désespérée de remplir pleinement la demande qui nous avait été faite, nous faisions profondément face à notre rapport à la vie et à la libération, reconnaissant les choix qui nous avaient égarés et trouvant une profondeur d’abandon dont nous n’avions jamais fait l’expérience. Au moment où j’écris ces lignes, nous ne sommes sortis du silence que depuis une quinzaine de jours, spirituellement en vie et bien portants, munis d’une passion nouvelle pour la liberté, et profondément déterminés à donner l’exemple de l’intégrité et de la responsabilité, qu’exige notre rôle.
A observer la difficile année qui vient de s’écouler à la rédaction de What is Enlightenment ?, nous ne pouvons que témoigner de notre profonde reconnaissance pour l’attention constante et le soutien que nous avons reçus d’Andrew et de bien d’autres pendant ce que nous pouvons décrire au mieux comme notre « nuit noire de l’âme ». Fort heureusement, dans la vie comme dans l’art, tout est dans la conclusion. Et l’heureux épilogue de cette histoire est avant tout un témoignage en faveur de la détermination d’Andrew à protéger à tout prix l’essence de ce qui fait que What is Enlightenment ? est bien plus que du simple journalisme spirituel de qualité. Il sait que plus chacun d’entre nous vit aux frontières de son propre potentiel spirituel, personnellement et professionnellement, plus grande est la profondeur, la puissance et l’authenticité de la recherche qui court à travers ces pages. Pour lui, c’est une question d’intégrité et c’est une leçon que, près d’une année plus tard, nous commençons enfin à comprendre.
Ainsi, alors que sort ce numéro spécial pour le dixième anniversaire de What is Enlightenment ?, et réfléchissant à l’expérience de cette radicale recherche spirituelle qui a si gracieusement pris le contrôle de nos vies, le sentiment de réjouissance est teinté d’une bonne dose d’humilité. On ne peut pas sous-estimer la délicatesse de la vie spirituelle et le prix qu’il faut payer pour la vivre vraiment, pas plus qu’on ne peut sous-estimer l’obligation de chacun d’entre nous de donner tout ce qu’il a pour faire de ce magazine le mieux de ce qu’il peut être. En même temps, nous sommes extraordinairement enthousiastes pour la décennie à venir, pour ce que demain nous réserve dans cette exploration toujours plus vaste. Il y a tant de choses dans lesquelles nous voulons lancer nos recherches, tant de choses à comprendre quant à ce que signifient l’éveil et la vie spirituelle au seuil du troisième millénaire. Nous sommes si impatients de nous y attaquer. Maintenant, plus que jamais, il semble qu’il n’y ait aucune limite à ce que nous pouvons entreprendre.






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